Comment s’est faite ta prise de conscience écologique ?
Quel impact cela a-t-il eu sur ta vie quotidienne et professionnelle ?
Je suis devenue végétarienne il y a quelques mois et je n’achète presque plus de vêtements (ou j’essaye de privilégier les achats utiles et de seconde main). Quand je suis en France je fais en sorte de tout faire à vélo pour les petites distances et sinon le train pour aller plus loin.
Durant 4 ans j’ai travaillé successivement comme juriste dans un département, consultante secteur public pour un cabinet de conseil puis conseillère en finances locales pour les mairies.
À l’époque je me voyais bien évoluer comme assistante parlementaire ou travailler dans un ministère et puis un long travail sur moi-même est venu « perturber » cet ordre établi.
Je ne comprenais pas pourquoi je m’ennuyais déjà dans ma vie de « jeune cadre dynamique » que j’avais pris pour le graal. Une séparation douloureuse a fini par me faire comprendre que je ne vivais pas pour moi et que je me conformais aux désirs des autres pour rentrer dans un moule. Je me suis rendue compte que la vie que je menais n’avait plus de sens et que la seule chose qui me procurait de la joie étaient mes vacances.
Je faisais exprès de partir le plus loin possible car je ressentais un profond besoin d’exploration, de sortir de ma zone de confort et d’aller à la rencontre d’un monde inconnu.
En février 2018, alors que je revenais du Myanmar, je me suis mise à lire l’Alchimiste de Paulo Coelho et ça a raisonné très fort en moi. Partir voyager a sonné comme une évidence et au fond de moi j’avais l’impression que si je ne le faisais pas j’avais complètement passer à côté de ma vie.
Étant passionnée par l’écriture, je suis devenue rédactrice web/digital nomad durant mon voyage. Je peux donc travailler partout où je le souhaite.
Depuis quelques mois je ressens un profond besoin de m’aligner sur le plan professionnel et donc de collaborer avec des clients éthiques et à impact social positif.
En tant que rédactrice je m’interroge beaucoup sur mon positionnement car beaucoup d’entreprises ont intégré le référencement dans leurs stratégies marketing, ce qui fait du contenu web un outil vente et donc de consommation alors que je ne souhaite pas spécialement l’encourager… Donc cela m’amène à me questionner sur les clients que je souhaite accompagner, je ne raisonne plus quantitativement (il faut que je fasse des missions pour gagner de l’argent) mais qualitativement : quels projets ai-je envie de soutenir demain ?
C’est ici que ma vie pro et perso se rejoignent : je veux pouvoir rester libre de mes choix et aller vers ce qui m’apporte de la joie et va me faire grandir.
Quel a été ton déclic par rapport à ta façon de voyager ?
Quelle a été ton évolution par rapport au voyage ?
Avant mon déclic, j’étais complètement dans ma bulle (en gros je n’étais absolument pas sensibilisée aux questions écologiques). Je sautais dans des avions à la moindre occasion (je cherchais même à battre mon record de l’année précédente). Je n’avais jamais entendu parler de mon empreinte carbone, bref j’ai mis du temps à vraiment me sentir concernée par l’environnement.
Je suis devenue végétarienne alors que j’étais en Inde donc sachant que 30% de la population ne mange pas de viande cela ne m’a pas vraiment posé de difficultés de me nourrir (contrairement en France où je me suis faite avoir plusieurs fois…).
En revanche où cela est plus compliqué c’est que pour moins prendre l’avion (ou ne plus le prendre du tout), il faut partir longtemps et donc du temps ! Donc forcément quand j’explique à mes proches que je vais partir 6 mois, 8 mois voire plus car je ne me sens plus du tout alignée en prenant l’avion aussi fréquemment qu’auparavant ils font une de ces têtes ! Mes parents voulaient même que je fasse l’aller retour depuis les Philippines pour être avec eux pour Noël et ça n’a pas été facile de leur dire non (le soir du 24 décembre quand je les ai vu en visio je ne faisais pas la maligne).
Pour mes prochaines aventures j’envisage très sérieusement de me passer de l’avion (ou d’en prendre un par an si raison exceptionnelle), donc cela veut dire que si je veux retourner en Inde cela me prendra plusieurs mois et que si je veux aller en Amérique centrale je vais devoir trouver un bateau (sachant que je ne sais pas naviguer bien entendu).
Quels apprentissages as-tu retiré de tes voyages ?
Quels conseils donnerais-tu à d’autres voyageurs pour voyager de manière plus responsable ?
Je leur dirais de suivre leur propre chemin vers la transition écologique et qu’ils vont continuer d’apprendre à faire mieux tous les jours. Cela peut être par les livres, les documentaires, les rencontres qu’ils vont faire.
Observer et interroger des voyageurs engagés que je rencontrais, m’a permis d’avancer dans mon cheminement, certaines conversations m’ont parfois bousculées face à mon inaction (tellement j’étais dans le déni). D’autres fois, l’évolution se faisait de manière très naturelle. Je me suis mise à emporter des tote bags et des sacs en tissus partout avec moi, à rechercher des lieux éco-responsables où manger et dormir etc.
Il est urgent d’agir pour l’environnement et d’adopter des gestes éco-responsables mais j’ai le sentiment qu’ils auront beaucoup plus d’impact s’ils résonnent en nous plutôt que si on se force.
Si on a l’impression de renoncer à quelque chose cela peut indiquer que nous ne sommes pas prêts ou que ce n’est pas la bonne méthode. Dans mon cas, passer des semaines entières à marcher dans la nature et m’accepter corps et âme ont fait la bascule de manière naturelle.
Quels sont les voyageurs responsables qui t’inspirent le plus ?
Champ libre
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